Pour ce quatrième et dernier chapitre de l’exposition Asie Riderz qui s’est terminée à la fin du mois d’août dernier, nous nous sommes penchés sur les œuvres des artistes que nous n’avions pas évoqué précédemment. Au sommaire donc, les interventions des français Grolou et Marion Jdanoff, les japonais du collectif Doppel et le chinois Sun Xun.
Grolou aka Lobogordo aka Louis Danjou
Né à Lille, Grolou naît dans un terreau artistique avec un père peintre et une mère plasticienne. Les nombreux voyages qu’il a effectués inspirent fortement son univers, notamment son long séjour de près de dix ans en Amérique Latine. C’est là qu’il y découvre le graffiti et qu’il réalise des peintures monumentales notamment en Argentine, au Chili et au Brésil.
Sculpteur et tatoueur, cet artiste pluridisciplinaire fasciné par la culture asiatique a choisi ici de façonner un « shisa-dog » en mousse polyuréthane. Ce chien-lion tutélaire originaire d’Okinawa est très présent au Japon, raconte Grolou, qui y a passé trois mois lorsque l’artiste Kazy s’y trouvait. Similaire à nos gargouilles, on le retrouve souvent par paire aux pignons des maisons, censé protéger ses « maîtres » des mauvais esprits.
Il aura fallu près d’une semaine à Grolou pour fabriquer son œuvre destinée à être hissée sur le ponton de la péniche, et quelques journées pour la recouvrir peinture. Les tatouages de l’artiste, à l’instar de ses créations, sont psychédéliques et colorés : retrouvez-les sur instagram.com/lobogordo/.
Marion Jdanoff
Artiste originaire de Nantes, Marion Jdanoff vit à Berlin et produit à la main des prints, posters, livres et fanzines en édition limitées au sein du collectif Palefroi. Pour Asie Riderz, elle a mis le papier mâché, une technique ancestrale chinoise, au cœur de la péniche avec une sculpture en deux parties qui se fond harmonieusement avec le bestiaire déployé alentour.
Le collectif Doppel
Le collectif japonais Doppel, formé en 2001, est composé de deux artistes illustrateurs et designers, Bakibaki (aka Kohei Yamaho) et Mon (aka Koutaro Ooyouma). Ils se sont rencontrés à la fac à Tokyo et ne se sont plus quittés depuis. Le nom de Doppel, qui signifie « double » en allemand, est aussi celui d’un monstre (Doppelganger) issu du jeu vidéo Megami Tensei. Pour leur fresque monumentale réalisée à la bombe en extérieur, Doppel a investi la coque de la péniche. À l’intérieur aussi, on distingue les motifs utilisés par Bakibaki de façon récurrente, sorte de signature graphique florale géométrique, alliés aux formes plus fluides de Mon. L’ensemble s’inspire de l’art populaire Aïnou du Nord du Japon et des estampes traditionnelles. Mon nous raconte qu’il y a dix ans au Japon la peinture live n’était pratiquée qu’en espaces clos, dans des boîtes de nuit ou des lieux underground en annexe d’un événement. Actuellement, les fresques live sont tombées dans le domaine public au pays du Soleil Levant, bien que demeurant le fait d’une culture alternative.
Si Bakibaki se plaît à peindre de manière définitive ses motifs bien caractéristiques sur tous supports, la patte de Mon est cependant moins distinctive, ce dernier adoptant un style plus protéiforme qui lui permet de s’adapter à la peinture de son binôme, quel qu’il soit d’ailleurs puisqu’il collabore régulièrement avec d’autres artistes. On ne peut ainsi pas vraiment parler de fusion dans leur cas, mais plus d’un ensemble donnant l’effet de l’huile côtoyant l’eau.
Mon est aussi curateur d’exposition, notamment de BCTION (après ACTION), sorte de de Tour13 nippone qui a réuni 80 artistes dans un immense espace désaffecté de Tokyo. Un site dédié à cette expo et l’ensemble des réalisations de Mon sont visibles sur son site.
Sun Xun
Né à Fuxin en Chine, Sun Xun est un artiste illustrateur et réalisateur de films d’animation. Privilégiant le noir et blanc et le mélange de techniques ancestrales et actuelles, ses thèmes tournent autour des animaux, des insectes et des humains vus au travers d’un prisme sombre et fantastique. Dans A War About Chinese Words, un film de 2h12 réalisé en 2005 que les visiteurs ont pu visionner dans la péniche, on assiste à la métamorphose d’idéogrammes chinois en soldats ou en animaux se livrant à une bataille.
Un bilan prometteur pour les prochaines éditions du Voyages à Nantes
Un mois de travaux en amont fut nécessaire pour réhabiliter la péniche et monter ce projet dont le bilan est plus que positif : Pick-Up Production et le Voyage à Nantes comptent 32 000 visiteurs venus entre le 3 juillet et le 30 août 2015, ce qui, au prorata du nombre de visites à la Villa Ocupada l’an dernier (50 000) est assez conséquent, compte-tenu de l’étroitesse du lieu.
Texte : Chrixcel
Photos : Chrixcel & David Gallard