Jusqu’au 30 avril prochain, la galerie parisienne Openspace présente Key Stimulus, la plus ambitieuse exposition de SatOne à ce jour. À travers une trentaine d’œuvres, l’artiste allemand nous livre ici le fruit de trois mois de travail intensif. Une exposition riche et colorée qui illustre une transition réussie des murs de la ville aux cimaises de la galerie.

En préambule, trois toiles aux couleurs vives donnent le ton. Abstrait, graphique et détaillé, le travail de SatOne convoque la libre interprétation. Il nous invite à projeter nos idées, nos rêves et nos sentiments. Si l’on peut deviner un paysage surréaliste dans ces mouvements verts entrecoupés d’aplats orange, l’artiste ne donne que peu de pistes. Juste un titre commun pour ces trois toiles : Resonance. Un mot qui revient à l’esprit du visiteur à la manière d’un écho. Un concept qui nous trotte dans la tête tout au long de cette exposition qui se déploie sur trois étages.

Issu du graffiti, SatOne s’impose au milieu des années 90 sur une scène internationale en pleine effervescence. Avec un style original emprunté à la vectorisation numérique, il réalise des fresques figuratives qui abordent des thèmes chers à l’auteur comme la nature menacée, la défense des animaux, l’industrialisation et la robotisation, avec toujours en filigrane, la responsabilité de l’homme face à son environnement.

Depuis quelques années, Satone opère un tournant décisif en passant du figuratif à l’abstraction. Pour autant, il ne s’affranchit pas du sens. Chacune de ses œuvres traduit une réflexion personnelle, un souvenir émotionnel. Livré au visiteur avec un minimum d’indices, ce travail introspectif amorce un dialogue intime entre le spectateur et l’artiste.

« J’ai abandonné la figuration car, à mes yeux, c’est un langage trop simple et limité qui laisse peu de place à la liberté d’interprétation. Avec l’abstraction, le propos devient plus subtil. Un dialogue s’engage entre l’œuvre et le spectateur. Chacun est ainsi libre d’interpréter une peinture en fonction de sa propre personnalité. Mes œuvres sont ainsi composées de multiples éléments, comme un puzzle, que chacun peut recomposer à sa manière en fonction de son vécu et de sa sensibilité. »

« Sur mes toiles, j’évoque des ressentis personnels face à différentes situations. Cela peut venir de l’excitation que l’on vit lorsque les saisons se succèdent ou bien de la façon dont on reçoit une nouvelle expérience avant de progressivement s’y habituer. Ce sont d’abord des sentiments personnels, mais qui nous sont communs à tous.
Je cherche avant tout à poser des questions plutôt que d’apporter des réponses. Cela me permet d’entamer un dialogue avec ceux qui observent mes toiles. »

Le travail de SatOne requiert l’imagination et la créativité de celui qui l’observe. À la fois dense et subtile, sa peinture s’enrichit du mélange de différentes techniques. S’il avoue parfois s’être senti limité lors de la réalisation de certaines fresques, la temporalité du travail d’atelier et la variété des outils à disposition lui offrent un champ d’expérimentation sans équivalent. Ainsi, on retrouve dans ses œuvres une richesse née du mélange de l’acrylique avec l’encre, le pastel gras et la bombe de peinture. En confrontant les aplats avec les transparences, des formes accidentées avec des lignes parfaites, il crée des compositions équilibrées et cohérentes.

« Il y a dans ma peinture une notion de collage qui me vient du travail à l’ordinateur. Mes toiles se construisent par couches, comme dans photoshop lorsque l’on travaille sur plusieurs calques. Je cherche des connections graphiques, des dynamiques que j’interromps volontairement. Puis, j’ajoute différents éléments perturbateurs. »

« J’ai beaucoup travaillé en atelier dernièrement, mais je ne délaisse pas les murs pour autant. Si je retrouve sur toile le goût pour l’expérimentation et la recherche de l’accident, je reste attaché à peindre dans la ville. Être confronté aux éléments, au contexte, interagir avec l’environnement et offrir ma peinture aux passants reste une partie importante de mon travail dont je ne peux me passer. »

Il y a donc fort à parier qu’après ces quelques mois passés dans son atelier, on retrouvera prochainement SatOne perché sur une échelle, une bombe à la main, confrontant le passant à ses propres sentiments.
En attendant, vous avez jusqu’à la fin du mois pour vous rendre à la galerie Openspace et admirer le travail de cet artiste présenté pour la première fois en France.

SatOne – Key Stimulus
Jusqu’au 30 avril 2016
Galerie Openspace, 116 bvd Richard Lenoir, Paris 11e
Du mardi au samedi de 14h à 19h.

Textes et photographies de Nicolas Gzeley