L’association Art Azoï inaugurait ce jeudi 11 juin sa première exposition dans les majestueux espaces qu’offre le pavillon du Carré de Baudouin. Depuis quatre ans, Art Azoï fait office de passerelle entre les artistes urbains et les institutions en développant divers projets artistiques comme l’exposition Oxymores, une intervention éphémère sur le bâtiment du ministère de la culture. Pour cette première au Carré de Baudouin, l’association a fait le choix judicieux de l’installation en invitant l’artiste Rero, dont le travail toujours contextualisé explore ici avec brio tout le potentiel du lieu en investissant quatre pièces sur deux étages. Ces installations mettent en perspective le travail qu’il développe depuis près de quinze ans où il questionne la relation entre les espaces intérieurs et extérieurs et souligne le rapport de l’homme à la nature. Visite guidée…

« Tous deux en eux mêmes… »

Dans la première installation de Rero, on se promène à l’intérieur d’un jardin suspendu qui occupe toute une pièce comme dans un livre ouvert, attiré ici et là par des bribes de phrases. L’interprétation des textes est laissé libre au visiteur. Ici, Rero a utilisé la structure métallique déjà en place au plafond pour y suspendre quelques 200 pots de plantation hydroponique dont la matière plastique noire évoque une forme de virus. S’extirpant d’un substrat symbolisé par des feuilles de papier froissé, des guirlandes de mots naissent de cette culture hors-sol dont la lecture et le lien entre les lettres n’est rendu possible que par la négation de l’artiste. Seuls éléments naturels de l’installation, des branches de bois utilisées à contresens, représentent les racines des textes naissants

« Témoignages… »

Dans la pièce suivante, plus petite et plongée dans l’obscurité, on s’arrête un moment sur une vidéo réalisée en collaboration avec Jules Hidrot avant de gagner l’étage supérieur. Dans l’escalier qui y mène, une série de photos illustre ses différentes interventions in situ en milieu urbain ainsi qu’en pleine nature, une clef supplémentaire pour appréhender l’ensemble des installations présentées.

« In the middle of others… »

À l’étage supérieur, un parterre de papiers lacérés s’échappe d’une petite pièce dans laquelle le spectateur semble ne pas être invité à entrer. Quelques lampes de chevet posées au sol baignent la pièce d’une lumière tamisée, des feuilles de papiers tombent depuis le plafond sur lesquelles on observe un texte segmenté sans parvenir à le déchiffrer. Seule lecture proposée aux plus curieux, « Possunt Nec Posse Videntur » (ils peuvent, mais semblent ne pas pouvoir) est inscrit sur chaque lambeau de papier jonchant le parquet, une timide autorisation à finalement entrer dans la pièce.

« Beautiful for the wrong reason… »

Enfin, dernière installation et pas des moindres, une grande salle de 200m², au sol recouvert de pierres volcaniques, est traversée par un sentier dessiné et indiqué par l’artiste qui reprend le principe du GR (sentier de Grande Randonnée que l’on retrouve dans la nature). Au mur, une phrase renversée dont la lecture est rendue possible grâce aux miroirs qui émergent du sol lunaire. Ainsi, les jeux de reflet invitent le visiteur à plonger au cœur du dispositif. En se penchant sur ces flaques réfléchissantes, le spectateur décrypte tant bien que mal le texte auquel il mêle sa propre image.

Texte et photographies de Nicolas Gzeley

RERO – Hors-Sol
Du 12 juin au 5 septembre 2015
Pavillon Carré de Baudouin, 121 rue de Ménilmontant 75020 Paris
Du mardi au samedi de 11h à 18h
Visite commentée chaque mercredi et samedi à 15h