Asie Riderz – Une exposition collective sur une péniche à Nantes curatée par Kazy Usclef

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Nicolas Reverdito, directeur et programmateur de l’association nantaise Pick-Up Production, a chapeauté le projet Asie Riderz avec le soutien du Voyage à Nantes. Il a désigné Kazy Usclef comme directeur artistique du projet, dans la continuité d’un premier chantier pictural réalisé l’an dernier qui s’intitulait Villa Ocupada. Cette fois, on est loin du bâtiment sur quatre étages investi par la vingtaine d’artistes de la « villa ». Ce huis-clos artistique s’est conçu en petit comité (huit artistes invités) pour mettre en avant des pratiques plus minutieuses, notamment au pinceau pour les œuvres d’intérieur. L’idée de la péniche vient de Kazy, proche du propriétaire du chantier naval de l’Esclain. Ce partenaire a loué la coque du bateau pour une somme symbolique, mais tout restait à faire pour la remettre aux normes. C’est chose faite, et bien que la jauge légale d’accueil soit de 50 personnes, l’objectif a été revu à la baisse pour la limiter à 30 visiteurs par session. La péniche, face à la gare SNCF quai Malakoff, est ouverte au public depuis le 4 juillet jusqu’au 30 août.

 

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Kazy Usclef

Issu du graffiti, graphiste et illustrateur indépendant (il crée notamment toute l’identité visuelle du groupe de dub Stand High), Kazy peint depuis 15 ans. Pour créer ses images éclectiques il se nourrit de ses voyages, sans contraintes quant aux moyens et medias utilisés. Entre réalisme et fiction, ses influences vont de la BD à l’imagerie underground des années 80, en passant par l’abstraction pure et simple ou encore la peinture classique, le cubisme et les gravures du 18 et 19ème siècle… Comme il est daltonien, sa palette de couleurs se limite au rouge, blanc et noir auquel il ajoute parfois du doré. Il incorpore ces couleurs dans ses animaux passe-partout qui sont un peu sa marque de fabrique dans son travail de rue. Son univers évolue beaucoup au fil de ses voyages, qui lui permettent de l’enrichir que ce soit par ses rencontres avec les gens, l’observation de la création locale et traditionnelle.

 

Pourquoi avoir choisi ce nom d’exposition ?

C’est un jeu de mots que j’ai imaginé à partir du film Easy Rider [NDLR : film de Dennis Hopper de 1969]. Ce n’était pas voulu au départ mais a posteriori, j’ai trouvé un lien entre l’histoire racontée dans ce road movie qui parle de voyage, entre les deux protagonistes traversant les États-Unis, et les artistes invités qui ont parcouru les continents pour participer à l’aventure.

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Illustrations pour Stand High – Kazy Usclef

Comment s’est faite la sélection des artistes ?

Elle vient à la fois de mes rencontres et connexions, de mes recherches sur internet et de mon voyage en Asie pendant deux mois, pendant lesquels j’ai rencontré beaucoup d’artistes. En fait, dans le projet de l’année dernière, la Villa Occupada, on s’était plus concentrés sur le muralisme de l’Amérique du Sud, alors que là c’est plus un focus sur un héritage géographique, une culture, une maturité graphique commune, même si la fourchette d’âges (entre 24 et 40 ans) est assez large.

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« Villa Occupada » – Nantes

Le Japon est à l’honneur dans cette sélection, c’est intentionnel ?

Il se trouve que je suis resté deux semaines au Japon pour une exposition improvisée en février dernier qui s’intitulait Kazy Mention. Un solo show fait en trois jours, avec des pièces réalisées dans l’instant et des sérigraphies que j’avais avec moi.  C’est via la galerie Anagra et le groupe de dub OBF alors en tournée là-bas que j’ai rencontré Hideyuki Katsumata et les deux collectifs : Doppel et les jumelles du tandem Hamadakara. Les cinq artistes japonais se connaissaient tous déjà un peu.
Il faut savoir que le Japon baigne dans une activité artistique dense qui n’a rien à envier à la nôtre et ce, dans tous les domaines : mode, arts, gastronomie… Je mets ça sur le compte de l’insularité qui pousse les Japonais à se dépasser, à produire des choses que nous n’avons pas l’habitude de voir avec une spécificité qui n’appartient qu’à eux… Les artistes d’Asie Riderz ne sont pas connus des galeries en Europe et le type de travail artistique que je leur propose permet un peu de les sortir de l’ombre.

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Exposition « Kazy Mention » – Japon

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Kazy Usclef – Japon

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Fresques de Kazy Usclef

Y avait-il des directives artistiques précises dans ce projet que tu as piloté ?

Les peintres étaient totalement libres de faire ce qu’ils souhaitaient, cela dit nous en discutions ensemble dans le respect de l’harmonie générale. J’ai dispatché les artistes sur des espaces où ils peuvent réaliser une grande pièce, mais rien n’empêche de les retrouver dans un autre recoin de la péniche. La promiscuité du lieu suppose une alternative pleine de défis car on ne peut s’étaler comme dans une friche et faire sa pièce dans son coin. Ça permet une certaine communion et favorise le travail en équipe in situ.

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« Hologramme » Kazy Usclef

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« Spermutant » Kazy Usclef

Peux-tu nous parler de l’œuvre que tu as réalisée ?

J’ai construit un masque en bois encastré dans une structure métallique dans laquelle j’ai dessiné des traits et des formes au chalumeau plasma. Comme toute la pièce est peinte sur fond noir, mon masque est aussi peint dans cette couleur et j’ai repris la technique de remplissage que j’utilise pour mes animaux de rue. Les symboles et signes utilisés, que j’assimile un peu à de l’écriture automatique, sont en rapport avec les peintures des artistes japonais et leur font écho tant au niveau de la palette de couleurs (noir et doré) que dans le sens caché. Libre à l’observateur d’y voir ce qu’il veut…

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Pour ceux qui n’auront pas la chance de visiter Nantes cet été, Spraymium est partenaire de Pick-Up Production sur la communication de l’exposition. Restez donc connectés, nous reviendrons dans le détail sur les œuvres réalisées par les artistes que nous avons pu interviewer in situ. Bien que le Japon soit en effet majoritairement représenté, restent à découvrir l’Indien Priyesh, le Chinois Sun Xun et les français Grolou et Marion Jdanoff, qui s’inspirent des univers picturaux asiatiques.

Texte : Chrixcel
Photographies : Kazy, David Gallard et Chrixcel