Jardin Rouge présente actuellement les travaux de résidence de l’artiste Benjamin Laading. Durant deux années, le jeune dandy est venu régulièrement dans cet ancien ryad marocain transformé en atelier d’artiste et espace d’art. Il a pris le temps de la réflexion et a construit petit à petit ses compositions concentriques. Benjamin Laading transcrit et fixe inlassablement dans son travail l’instant où la peinture est projetée par la bombe aérosol. L’artiste questionne l’ambigüité d’une contreculture dans un système établi, les paradoxes d’un graffiti illégal transposé sur toile dans un contexte économique légal.
Deux mots simples et immenses résument le travail de Benjamin Laading : Le temps et l’espace. Après dix années de peinture alternative et des études à la Villa Arson, ce sont les thèmes presque uniques de ses recherches artistiques, son obsession.
Après des essais sur des supports variés, il se focalise sur la toile, affinant sa technique, notamment pour maintenir le relief et faire pénétrer la lumière. Les tableaux de Benjamin Laading évoquent dans la pureté de ses fonds monochromes, des densités cosmiques. Il rend hommage au tracé direct et à la ligne pure. L’artiste y révèle aussi sa sensibilité au monde et établit un rapport étroit avec la nature, non pas dans ses effets mais dans sa substance.
Travaillant sur les contresens, Benjamin Laading transfigure un geste urbain rapide en une composition lente et contrôlée. L’artiste transforme la linguistique de l’art urbain en se libérant des limites et des conditionnements de cette peinture. Il ne faut pas s’y tromper, le geste est maitrisé. Noctambule, il passe ses nuits à dessiner et redessiner sur des livrets noirs ses combinaisons. Le temps de l’étude est précieux et nécessaire pour l’artiste en quête du mouvement parfait.
Loin du geste esthétique, Benjamin Laading a développé son propre langage visuel, et, fait de l’espace une propre substance artistique. Son approche dimensionnelle porte l’infiniment petit sur d’immenses toiles et confronte le signifiant au signifié. La densité de ses points provoque un dialogue avec l’espace. Il faut donc comprendre le vide qui révèle les mystères des souffles reliant le monde visible au monde invisible.
Ses toiles sont marquées par la multiplication de signes, l’absence d’éléments figuratifs ou géométriques. Les peintures de Benjamin Laading sont des œuvres ouvertes que le spectateur peut lire librement. L’abstraction de la représentation permet de se concentrer sur l’essence du subconscient d’où sort impétueusement un jaillisement.