Editions Terrain Vague

« De la peinture sous pression à l’impression de peintures, il n’y a qu’un tag »

Après des mois de gestation, les éditions Terrain Vague mettent en ligne ce jeudi leur site internet dédié à l’édition sérigraphique. Fort d’un parcours riche et varié, l’équipe concentre désormais son talent sur la production de sérigraphies d’art et de fanzines. Pour en savoir un peu plus, nous avons recueilli les propos de F.P, membre fondateur de cette nouvelle structure, qui revient sur son parcours et nous parle de sa passion pour la sérigraphie.

 

editions terrain vague etv 1984 sérigraphie silkscreen graffiti

« J’ai grandi en grande banlieue Ouest de Paris sur les voies ferrées où j’ai fait mes armes graphiques à la bombe de peinture. Nous étions un petit groupe d’amis à nous déplacer à pied la nuit le long de cette artère qui devint notre musée à ciel ouvert. Musée très particulier puisqu’en plus d’y voir nos artistes favoris, nous pouvions y créer et exposer nos propres œuvres. Quand je termine mes études d’art vers 2000, c’est assez naturellement qu’un réseau de ceux qui allaient devenir des « Street Artists » était constitué. »

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« Les années passent vite, j’affûte mes yeux et ma technique semaine après semaine et c’est ainsi que je deviens sérigraphe, épaulé par une équipe motivée et généreuse. L’association a muté en entreprise au bout de quelques années. Mais cette forme commerciale annihile les velléités de création : pressions financières et temporelles, images sans grand intérêt… Le métier de communication avec toutes ses contradictions. L’expérience durera trois années à la fin desquelles je décidais de revenir aux sources : L’édition d’art. C’est donc fin 2013, au sein d’une structure alternative et associative à Ivry-sur-Seine que les éditions Terrain Vague (re)voient le jour. »

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« Tout comme pour les peintures sur trains ou voies ferrées, les œuvres s’échangent du créateur à l’observateur sans filtre, sans intermédiaire. Cette voie me parait la plus naturelle. Le sentiment de liberté doit prédominer pour l’artiste comme pour l’atelier. C’est la condition d’un bon accueil par le public de ces affiches, livres, gravures qui viendront orner vos murs et vos bibliothèques. La sérigraphie est un moyen idéal pour passer du mur au papier en gardant une autonomie dans les thèmes et la production. L’idée est d’imprimer et de diffuser les productions de l’équipe proche et celles d’artistes que nous côtoyons. Je considère qu’il demeure des artistes sous-médiatisés et pourtant essentiels dans l’émergence et la perduration de ce mouvement. La durabilité des relations entre l’atelier et les artistes est notre souci numéro un : Les ventes ne doivent pas dicter la sélection. Ré-éditer les artistes est primordial si on veut atteindre un travail pertinent en sérigraphie. Il ne s’agit pas de reproduire mais de coproduire des images ensemble. »

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« Les chemins sont nombreux pour atteindre son idéal visuel en sérigraphie : Trames, aplats, transparence, superposition, quadrichromie et fausse quadrichromie… Mais il y a aussi le travail en amont sur les images-source : Photos, découpage, intervention sur écran, peinture sur verre… Chaque artiste m’apporte un angle de vue différent qui remet en cause le schéma classique de production. Il n’est pas inné de produire des images qui s’adaptent à l’impression en sérigraphie, cela prend du temps et nécessite d’y revenir régulièrement. C’est l’échange que nous mettons en place aux éditions Terrain Vague. Il est évident qu’un tel projet ne se porte pas seul, nous sommes quatre personnes aux compétences complémentaires qui se relayent pour offrir le meilleur de nous-même à la fois aux artistes en résidence et au public. »

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« Je retrouve ainsi les sensations de nos virées nocturnes quand j’échange avec mes associés ou quand j’imprime tant il y a de paramètres à prendre en compte en dehors même de l’image à produire. Je ressens de la satisfaction lorsque je vois l’image exister en dehors de l’atelier.  Comme lorsque je refaisais le trajet en train le nez collé à la vitre pour voir si nos pièces de la veille étaient aussi bien que dans mes souvenirs. Je souhaite partager ces émotions avec vous tout comme des artistes ont partagé leurs visions artistiques anonymement avec les voyageurs de leur ligne. »

Propos recueillis par Nicolas Gzeley
Photos : Editions Terrain Vague & Nicolas Gzeley