Riofluo feat. OnOff & FrenchKiss : Ultimate Battle

Pour la quatrième et dernière édition de l’Ultimate Battle, un tournois de tennis annuel organisé dans le cadre des BNP-Paribas Masters, le Palais Omnisport de Paris-Bercy et la FFT ont une nouvelle fois fait appel au studio de création Riofluo afin qu’ils profitent des travaux en cours pour habiller deux murs de 200m² chacun à l’entrée du POPB. A la recherche d’artistes travaillant des productions à la fois chargées et équilibrées, orientés sur le dynamisme et l’énergie et capables de travailler rapidement, Riofluo a fait appel aux jeunes OnOff et aux moins jeunes FrenchKiss. Retour sur un match amical entre deux générations.

 

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Deux murs, deux équipes, il n’en fallait pas plus pour susciter l’esprit de compétition propre au graffiti dans ce qui ne devait être au départ qu’une simple décoration aux accents urbains pour satisfaire un client désirant surfer sur un thème pourtant éculé depuis des lustres. D’un côté les OnOff, représentés ici par Jok, Olson, Limo et Kanos qui offrent depuis plus d’une dizaine d’années à la scène graffiti française des productions originales teintées de graphisme et d’illustration. De l’autre, les FrenchKiss, composés pour l’occasion de Hobz et Liard, membres fondateurs des TRBDSGN (un collectif qui, dès la fin des années 90, se distingua par leurs fresques minimalistes et très graphiques, apportant au paysage graffiti hexagonal une alternative bienvenue) épaulés pour l’occasion par Swiz et le vétéran Toons aka Retro.
Deux crews, deux générations, ready ? Fight !

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OnOff

Pour les OnOff, au delà de se confronter à leurs aînés, la taille du mur constituait en elle même un challenge à relever. Afin de répondre aux éléments rectilignes de la surface à investir, ils sont partis de formes circulaires destinées à casser la forme pyramidale du mur, rappelant au passage l’image de leur logo. Segmentés en plusieurs parties, les cercles sont traversés par des lignes évoquant une certaine notion d’énergie et définissant plusieurs zones dans lesquelles chacun s’est inscrit avant de déborder les uns sur les autres. Kanos, avec son style méticuleux commença par peindre des rangées de bâtiments ainsi que des éléments graphiques disposés à la façon d’un plan de ville, soulignant ce thème si cher au client, pendant que Jok, plus subtil, évoquait la foule de Bercy par des personnages réalisés en ton sur ton. Olson, avec son style abstrait typique intervint dans ses zones à la manière d’un pattern tandis que Limo, rompu aux personnages détaillés, se concentrait sur deux grands personnages centraux, privilégiant la posture et la géométrie des formes. Avec Kanos, ils apportaient ainsi à la fresque un côté plus dessiné, plus lâché que leurs deux compères.

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FrenchKiss

Si les OnOff prirent le soin de préparer un tant soit peu leur fresque, les FrenchKiss quant à eux privilégiaient l’improvisation et le mélange, fidèles à leur façon si particulière de travailler. Face aux OnOff et leurs couleurs vives, ils firent le choix délibéré de rester sobre dans leur gamme chromatique, découpant leur murs en diverses zones géométriques qu’ils s’approprièrent un par un avant de se repasser les uns sur les autres, ce qui fait la particularité de leur collectif. Alors que Hobz s’attelait à représenter lui aussi le public de Bercy à travers quelques personnages au traité quasi vectoriel, Retro l’accompagnait dans ce côté illustratif avec un style emprunté à la bande dessinée afin de contrer Liard et Swiz, beaucoup plus abstraits. Ces deux derniers, l’un très organique et l’autre beaucoup plus géométrique apportaient du détail et de la finesse, offrant à leur mur une double lecture qui fonctionne de près comme de loin.

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A peine les fresques terminées, ce fut au tour des équipes du POPB d’investir les lieux afin d’apporter la touche finale au palais, prêt à accueillir pendant une semaine un public venu acclamer les stars du tennis mondial. La fresque, quand à elle sera visible pendant près de six mois avant que ce mythique temple du spectacle ne revête son nouveau costume.

Texte et photographies de Nicolas Gzeley