Vibora II Project

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Plus de vingt ans après la première édition, le « Vibora project », projet artistique et culturel proposé par la ville d’Elche, ville d’Espagne située dans la province d’Alicante, fait peau neuve. Ravivé par le souffle de Sozyone, Jaba, Pant et Dems, cette année, le projet Vipère fait la part belle au graffiti. En effet, si les membres du UB crew sont les ambassadeurs de cet événement, ils n’ont pas hésité à faire passer le mot pour trouver du renfort auprès de Rosh333, Rois (K5U), Smote aka Fonse ou encore Nano 4814. Et pour cause ! Le challenge est de taille : réaliser une fresque de 3,5 km au sol soit la plus longue fresque du monde afin d’entrer dans le Guiness Book World Records.

 

Le projet Vibora tel qu'il était visible en 1991.

Vue aérienne du projet Vibora en 1991

34 degrés à l’ombre. C’est l’été, le soleil est au Zénith. Arrivés à Alicante, la sortie de l’aéroport donne le ton. L’autoroute qui mène à Elche est inondée de graff et de tags signés Sozyone, Pant et Dems, toujours à la recherche d’une nouvelle manière de dévorer l’espace. Les alentours sont envahis de typographies colorées, extrêmement élaborées et sauvagement précises. Pas de doute, nous sommes bien à Elche, royaume des Ultraboyz.

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Cernée de palmiers, la ville désertique et bétonnée est traversée par un rio à sec, le Vinalopo, qui partage la ville en deux. C’est d’ailleurs en rapport à la forme serpentée du canal que les habitants ont baptisé le projet « Vibora » pour la première fois en 1991. À l’instar de la première édition, le projet recense plus de 1000 participants. Chargé de l’événement, Dems a confié une place de choix à chacun des membres UB et aux graffeurs réputés, une parcelle à proximité des ponts afin d’être vus par le plus grand nombre. Ainsi, tous sont répartis sur 3,5 km, distance entre la tête et la queue du serpent.

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Face à l’organisation laborieuse des « civiles » comme en plaisante Sozyone en évoquant les nombreux amateurs et familles qui participent également à l’initiative, les writers se démarquent par leur expérience, rien n’est laissé au hasard. Cependant, les accès pour descendre dans le canal étant placés tous les 500 mètres rendent la tâche considérable. À l’aide d’une corde, les pots de peintures de 10 litres sont déposés un par un le long du mur, des cagettes en plastiques font office de passerelle pour traverser le cours d’eau qui séparent les deux rives, des camps de fortune sont improvisés… Une fois installés, ils peindront toute la nuit pour éviter la chaleur accablante de la journée.

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Alors que les premières lueurs de la matinée apparaissent au dessus de la cime des palmiers, certains rentrent dormir après avoir passé des heures à remplir de couleurs l’intérieur des contours de leur œuvre au rouleau.

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Jaba décide d’attendre le levé du soleil pour juger une fois sur le pont du résultat de sa pièce, un crocodile pourvu d’une coiffe de guerrier. Figure allégorique ? Son personnage semble en tout cas être à l’image des artistes qui ont accepté ce projet titanesque : volontaire et combattant.

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Dems, en plus d’encadrer le projet, réalise un lettrage monumental en jouant avec la profondeur de champ par superpositions successives de strates et de couleurs.

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Smote aka Fonse a choisit lui aussi d’effectuer un lettrage dans un style plus classique.

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L’œuvre de Pant s’inscrit quant à elle dans la lignée de son concept « Optichromie », des compositions graphiques et futuristes.

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Rois, Rosh333 et Nano 4814 se distinguent par une peinture plus figurative. Rois semble en effet depuis quelques temps donner ce tournant à son travail d’atelier. Comme souvent, le travail de Rosh333 évoque des formes organiques et des sujets oniriques tandis que Nano 4814 réalise un personnage plutôt énigmatique.

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Véritable chef de file, c’est Sozyone qui a été désigné pour donner vie et forme au serpent en réalisant la tête en plus d’une autre pièce représentant un de ses personnages fétiches appartenant à la voyoucratie.

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Malgré la difficulté de peindre au sol, tous ont démontrés que leur travail était aussi intéressant qu’aux formats plus traditionnels du graffiti. Sur 3,5 km de peintures disparates et bigarrées, on compte 1 km de pièces incroyables qui font vraiment la différence avec celles des « civiles » dont la bonne volonté et la naïveté des thèmes qu’ils ont abordé ajoutent encore un peu plus de charme au projet. Pour le constater, la meilleure façon reste encore d’emprunter les ponts de la ville, de prendre un peu de hauteur pour apprécier les œuvres et se rendre compte du travail qui a été réalisé durant 10 jours, pendant lesquels tous les habitants de la ville se sont mobilisés massivement.

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Texte : Justine Brault
Photos process : Silvio Magaglio
Photos finales : Dems / Webringjustice / Fons / Rosh333