Super Terram

« Le sacré et l’art sont les deux moyens que nous autres êtres humains avons trouvé pour, à travers le visible, désigner l’invisible. » Gonzalo Borondo

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Véritable bouffée d’oxygène dans le paysage de l’art urbain, Super Terram aborde la question environnementale liée à l’Anthropocène à la faveur d’une exposition qui allie le fond et la forme.

Portée par la Fondation Desperados et orchestrée par Gaël Lefeuvre, Super Terram rassemble une dizaine d’artistes dans un espace segmenté qui se déploie sur trois étages. Au travers d’installations réalisées in situ, les artistes confrontent nos sens aux éléments et nous invitent à observer notre impact sur l’environnement.

Une déambulation expérimentale, évolutive et résolument engagée, à vivre absolument.

Visite guidée en compagnie du commissaire d’exposition Gaël Lefeuvre.

« Cette exposition est née de l’envie de travailler sur la vie des œuvres, de voir comment elles se détériorent avec le temps. Depuis longtemps je voulais faire quelque chose autour de la terre, avec cette notion d’ensevelissement, de monticules, d’espaces segmentés, afin de créer un chemin, un passage au milieu des installations. Je voulais parler de l’humain, de ses créations et de son rapport à la terre. Il y a cette idée de créer un bug pour revenir à quelque chose de primaire. »

« Il s’agit moins d’un constat que d’une proposition artistique vis à vis du monde dans lequel on vit, avec ce changement auquel on assiste, une nouvelle ère qui s’annonce. J’avais envie de retracer le cheminement vers cette nouvelle ère qui nous attend, tout en bousculant un peu le spectateur, lui faire perdre quelques repères afin qu’il fasse un effort pour aller vers l’art, pour comprendre notre propos, réfléchir et éventuellement apprécier ce qu’on lui a proposé. Il y aussi cette idée de piéger le public dans le sens où il va détruire l’exposition sans le savoir. Super Terram signifie hors sol en latin. Cela fait référence à notre société qui se déshumanise peu à peu, qui prend le chemin de l’envie plus que celui du désir et qui se perd dans un capitalisme destructeur. »

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Matteo Berardone, Les 10 règles du dodo pour l’extinction d’une espèce, 2023.
Vidéo.
« Trouver un endroit sympathique / S’y installer / Manger ce que l’on y trouve / Rester dans cet endroit / Oublier ses acquis / Oublier ses peurs / Se reproduire / Attendre / Accepter les cookies / Accepter le destin »

« Au début de l’exposition nous sommes dans les entrailles. Les installations de Matteo Berardone et CELA font référence au subconscient, à l’invisible et à la lumière. Puis on entre dans la matière avec la pièce d’Amir Roti et sa pierre polie par le vide. A.L. Crego représente l’organique moderne qu’est Internet, comme une extension de notre environnement, et on arrive à la notion d’Anthropocène illustrée Germain Ipin. »

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CELA, Fabrique de la réminiscence, 2023.
Assistant conception: Joseph Burkath.
Projecteurs diapositives, bois, plexiglas, miroirs, moteurs, eau.
« Diapositives glanées, souvenirs personnels devenus anonymes, sont ici sauvées de l’oubli. Des visions fantomatiques s’échappent de ces bacs d’eau. Les vagues artificielles effacent la singularité de ces instants de vie, le flou qui s’opère en crée des réminiscences. Les histoires personnelles deviennent les souvenirs uniformisés d’un imaginaire collectif créé par les procédés de divulgation. Portraits, photos de famille, paysages, bâtiments, voyages, images exposées, suggérées par des feeds analogiques. Les images rendues fluides forment une analogie au concept de société liquide où ni l’amour, ni l’amitié, ni le travail ne constituent des structures solides. »
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Amir Roti, Le chant du vide, 2023.
Marbre rose du Portugal.
« La matière, aussi dense soit-elle, est essentiellement constituée de vide. Les molécules sont faites d’atomes, les atomes d’un noyau et d’électrons, le noyau de protons et de neutrons, eux-même composés de quarks. De l’infiniment petit à l’infiniment grand, du proton à notre système solaire, le mouvement des particules dans le vide est perpétuel. Les particules se soumettent aux champs électriques ou magnétiques structurant le volume de leurs mouvements. Ainsi, tout volume en tournant sur lui-même s’inscrit dans une sphère. La trajectoire d’un volume dans l’espace ou dans le vide atomique est elliptique. Nous pouvons nous amuser à penser qu’à l’échelle de notre système solaire, chaque objet immobile qui nous entoure dessine une trajectoire autour de l’astre. Ces objets faits de milliards d’électrons en mouvement semblent être des points fixes que notre regard humain contourne naturellement.
Dans le monde le plus simple qui soit, dans l’essence originelle de notre environnement, dans la nature intacte de la main humaine, l’immobilisme au-delà du vivant organique peut sembler ennuyeux et propice à la transformation ou à la destruction. Alors que le moindre arbre, le moindre gros caillou est déjà transporté dans le voyage hyperactif de la vie. Il s’inscrit à l’intérieur d’une ellipse qui elle-même s’inscrit à l’intérieur d’une autre ellipse qui elle-même s’inscrit encore dans une ellipse et ce, à l’infini. Peut-être est-ce l’une des raisons pour laquelle la beauté qu’ils dégagent nous mène à la contemplation, offrant à notre esprit de trouver à son tour le vide qui nous compose. »
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A.L. Crego, Lumen, 2023.
Photographie, vidéo, motion design, photogrammétrie.
« Histoire, informations, mémoire… données.
De quelques dessins réalisés sur les paroies d’une grotte ancestrale à l’appareil numérique le plus sophistiqué. Lettre par lettre, mot par mot, phrase par phrase… Bit par bit, nous construisons le monde dans lequel nous vivons. D’une rapide étincelle de lumière à la fibre optique. Depuis le début et jusqu’à la fin, nous ne sommes que lumière et mémoire. De l’encre au bit. »
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Germain Ipin, Glissement sémantique #3, 2023.
Techniques mixtes.
« Un de plus, 
Ces mots dont le sens glisse jusqu’à devenir autre, voire parfois même, pourquoi pas, antinomique comme le « ministère de la paix » dans la novlangue du 1984, de George Orwell.
Qu’est-ce qu’un mot ? 
Un mot est une « boîte »  destinée à organiser le réel, à le simplifier, dans un objectif de représentation commune.
Par exemple, quand on dit le mot « table », on peut y mettre toutes les tables du monde à l’intérieur, toutes les sortes de tables, tout ce qui a vaguement un plateau et quelques pieds dessous. C’est assez pratique. 
Mais à l’intérieur de ces boîtes, ces représentations peuvent également changer, communément, en fonction de l’évolution des contextes.
Je m’intéresse dans mon travail aux organisations graphiques non figuratives et à cette symbolique des formes répétitives, des motifs. 
Et en ce sens, les QR codes me plaisent, leur esthétique m’intéresse.
Et qu’est-ce qu’un QR code ? 
Une autre boîte, une super boîte qui permet d’y ranger à peu près tout ce que l’on veut.
Une nouvelle langue (!) pour un nouveau monde, connecté, smartphonisé, dématérialisé… super terramisé.
Plus que jamais, cette forme QR s’est imposée à nous pendant la pandémie de covid 19, avec le pass sanitaire.
Ces codes, jusque-là principalement associés à des objets, ont été alors associés à nos identités, à chacun d’entre nous, permettant un contrôle et une traçabilité sanitaire dans nos activités quotidiennes.
Serions-nous en train d’observer un nouveau glissement ?
Je m’intéresse également aux défauts, aux irrégularités, aux accidents… à toutes ces choses qui viennent remettre en cause les organisations trop parfaites.
J’aime mettre en place les conditions de leurs apparitions.
Pour décrire tous ces travaux, j’ai imaginé le terme « dystopies graphiques », et il me semble qu’ici-même, il soit particulièrement à propos.
J’ai donc voulu observer ce glissement, mais l’observer dans le réel cette fois, dans l’évolution de sa forme plastique.
Je lui ai donc fabriqué une rampe.
Et un processus proposant une rencontre entre le vivant, le terram :  la terre crue, l’eau, la présence du visiteur, et l’immatériel, le Super terram.
Qu’en restera-t-il ? 
Nous en reparlerons le 19 mars… »

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Germain Ipin, The doors, 2023.
Photos polaroïds, grille d’arbre.
« Que reste t-il de notre connexion à la terre, ici, dans cette ville ? 
Je me suis posé la question de ces zones de contacts, de ces connexions physiques qu’il existe, entre un humain à Paris et l’élément terre. Il y a ces pastilles, poinçonnements réguliers le long des caniveaux, fichés d’un arbre au centre : gros platane centenaire ou frêne maigrichon nouvellement replanté. J’ai voulu m’intéresser de plus près à ces 100.000 arbres d’alignements* ainsi disposés dans les rues de Paris. J’ai donc pris mon polaroid. Et quand la résidence m’offrait l’instant d’une promenade, ai laissé le doigt presser le déclencheur, chaque fois qu’un de ces arbres d’alignement me semblait (paradoxalement) sortir du lot. En résulte une petite série péniblement insolée sous la lumière avare de l’hiver parisien ;où il me semble que chaque tronc devient un peu plus unique, un individu porteur d’une histoire singulière. »

« Borondo s’approprie l’histoire et parle du mélange, de l’amalgame et de l’androgynie en mêlant les cultures et les genres. Avec lui, on entre dans les civilisations établies que Joaquin Jara évoque au travers de la Renaissance. Il parle du sanctuaire, de la divinité et de la position que l’on prend vis à vis de la nature. Know Hope illustre les flux migratoires, la xénophobie et la radicalisation de nos sociétés puis on aborde le confort avec Michael Beitz qui transforme l’utile en inutile et montre comment l’homme se vautre dans son propre confort. Il y a cette idée d’un endormissement de l’homme qui va jusqu’à atrophier ses capacités à agir et à s’élever que l’on voyait au début de l’exposition dans la vidéo de Matteo Berardone. »

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Gonzalo Borondo, Èter, 2021.
Gravure à l’acide sur verre, éclairage led.
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Joaquín Jara, Ἐρυσίχθων, 2023.
Installation sculpturale.
« Capitaliser la nature / Renverser le paysage, ne pas être ici.
Avec cette installation, l’artiste propose un regard sur notre façon de capitaliser les environnements, de même que leurs ressources et leurs habitants, en transformant, à des fins lucratives, le sens même des images qui composent l’histoire des flux entre ces environnements, ressources et habitants – et qui structuraient autrefois les relations entre chaque communauté et les écosystèmes qui la contenaient. L’œuvre explore de ce point de vue, le mythe grec d’Érysichthon en l’assimilant au roi Henri II. 
Henri II était obsédé par le pouvoir. Un jour, il aperçut un chêne qui était consacré à Déméter, déesse de la générosité de la nature et du cycle des saisons. Le roi décida de l’abattre pour construire avec son bois une salle de banquet monumentale. Il alla jusqu’à exécuter l’un de ses amis qui tentait de l’en dissuader, mais l’arbre fut quand même abattu. Furieuse, Déméter imposa au roi un châtiment terrible : elle lui envoya la Faim pour qu’elle prenne possession de son corps. Dans les jours qui suivirent, le roi fut pris d’une faim vorace que rien ne parvenait à rassasier. Il vendit tous ses biens pour acheter de la nourriture. Il vendit même sa propre fille comme esclave, mais rien ne put apaiser sa faim et le roi finit par se dévorer lui-même. 
L’installation est un parcours d’interprétations de deux groupes sculptés datant de la Renaissance française, contemporains d’Henri II, actuellement exposés au musée du Louvre : La Diane d’Anet, portrait de Diane de Poitiers, maîtresse d’Henri II, représentée sous les traits de la déesse Diane ; et Les Trois Grâces, qui constituent le support d’un reliquaire contenant autrefois le cœur d’Henri II qui fut détruit à la Révolution – l’urne actuelle est une copie en bois de chêne sculptée au XIXe siècle. »
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Addam Yekutieli, Endurance is a Flower, 2023.
Techniques mixtes.
« Endurance is a Flower interroge les notions de mouvement, de migration et de survie. Ces approches multiples et globales sont observées intimement à travers l’histoire de Rabia, une femme au caractère bien trempé que l’artiste a rencontrée sur le marché de Saint-Denis pendant qu’il travaillait sur son installation. Originaire d’Algérie, Rabia est marchande de bijoux et de cosmétiques sur le marché depuis trente ans et fait désormais partie intégrante de son écosystème et tissu social. Après avoir fui un mariage violent et une existence où elle se sentait disparaître, elle s’est embarquée dans un périple vers la France, animé par l’insoumission, afin de refaire sa vie avec ses trois enfants. Ayant vécu la colonisation et les inégalités culturelles, elle a revendiqué, pour elle-même, la création et la concrétisation de son propre destin et d’un chez-soi.
À une époque où la xénophobie est largement répandue, Rabia refuse de se laisser décourager ; elle défend le multiculturalisme comme source d’enrichissement pour nos réalités communes. En donnant du sens à son travail, Rabia trouve des possibilités d’échange culturel à travers les bijoux qu’elle vend, qui sont de provenance diverse et destinés à une clientèle variée.
Cette installation cherche à incarner ce que nous, en tant qu’êtres humains, entreprenons pour nous adapter, persévérer et, plus encore, nous épanouir face à des circonstances qui nous imposent parfois de faire autrement. À travers l’histoire de Rabia, l’œuvre invite à l’empathie plutôt qu’au pragmatisme, et à réfléchir à la manière dont nos peurs peuvent se traduire en de nouveaux imaginaires. »
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Michael Beitz, Antique Organization, 2023.
Chaises en bois.
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Michael Beitz, How to imagine Japan,  2023.
Objets de chez moi.
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Michael Beitz, This is what I would do,  2023.
Sofa et lampe.

« Axel Void montre comment l’homme est spectateur de sa propre folie, d’abord avec cette lightbox qui fait référence au Radeau de la Méduse de Théodore Géricault et au 1984 de George Orwell, en regard de l’isolement incarné par cette Social Room. »

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Axel Void, Rétro-Éclairé, 2023.
Bois, lampes fluorescentes, plexiglas et peinture à l’huile sur acétate.
« L’œuvre Rétro-Eclairé est une réflexion sur notre consommation d’images en général et l’image de soi. »
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Axel Void, Social Room, 2023.
Techniques mixtes.
« L’œuvre interroge nos interactions avec les autres à l’époque du tout numérique. Durant les 7 premiers jours de l’exposition, la performance qui se déroule au sein de la “Social Room” invite le spectateur à entrer en contact et communiquer avec son habitante, uniquement à travers le cyberespace. Installée dans la maison, Olivia met en scène sa vie à travers les réseaux sociaux qu’elle alimente régulièrement, seuls relais avec le monde extérieur, et se sert des outils numériques qui s’offrent à elle; se faisant livrer objets et nourriture. “Comblée”, son espace vital est inexorablement réduit à un lit et un bureau. Seul un œil de bœuf nous permet de voir ce qui se joue réellement à l’intérieur de la maison, nous plaçant dans la position inconfortable d’un voyeur / stawlker, tout en nous confrontant à l’image-miroir que nous avons de nous même. »
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« CELA illustre comment l’humain complexifie des choses simples par l’industrialisation et la technologie qui n’est finalement plus au service de l’homme, ce qui nous mène à la guerre dont parle Seth. »

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CELA, Tech.care, 2023.
Recherche & developpement : Sylvain Pelier.
Aluminium, eau, capteurs piezo, câbles, amplificateurs, delays, haut-parleurs.
« Branche tombante ou liane grimpante de plastique et de métal se structurent organiquement en réseau le long de tuteurs de métal.  
D’apparence excessivement dense, le réseau affiche une complexité. Il constitue un système d’irrigation autonome et automatisé, in fine, un simple système de goutte à goutte. 
L’eau nécessaire au déploiement et au maintien de la vie est transportée par cet imbroglio de pétrole et de métal. 
Le fluide vital, approvisionné par poche plastique s’écoule mécaniquement.  
Le son du cheminement des gouttes sur les plaques d’aluminium est amplifié, des delays en accentuent les résonances métalliques. Les sonorités brutales entre musique techno et chaînes de montage industrielle contrastent avec les capacités d’écoute et d’attention nécessaire au bon déroulement de la tâche que constitue la culture d’un organisme vivant. 
Cette vision ironique de l’approche fordiste de toutes formes d’activités nous questionne sur l’automatisation déshumanisée des systèmes de culture, dans un déploiement excessif d’énergie superflue. »
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Seth, Berceuse de guerre, 2023.
Techniques mixtes.
« Cette œuvre est inspirée par deux séjours que j’ai effectués en 2017 et 2019 pour peindre et réaliser des ateliers avec des enfants dans une école publique à Popasna, une petite ville située entre Bakhmout et le front de la guerre qui oppose l’Ukraine à la Russie dans le Dombass, depuis 2014. Les élèves, qui avaient connu une première invasion, se reconstruisaient lentement bien que vivant sous la menace constante d’une reprise des hostilités, bercés par le bruit des explosions au loin et des rafales des armes automatiques.
Aujourd’hui, la bourgade et l’école ont été complètement détruites. Les ruines de Popasna se trouvent désormais en zone contrôlée par la Russie. Une famille et leur enfant, ainsi que le directeur de l’école ont été tués. Les autres enfants ont fui au début de la guerre. Les créatures du mobile central sont tirés de l’œuvre de la peintre et paysanne Maria Primachenko, figure de l’art populaire Ukrainien du XXème siècle. Il s’agit d’allégories de la guerre aux titres évocateurs : « La menace de guerre » 1986, « Mais que la guerre nucléaire soit maudite ! » 1978, « Au diable la guerre nucléaire » 1978, « Bête noire » 1937. Le musée d’Ivankiv qui présentait 25 œuvres de l’artiste a brûlé au début de l’invasion.
Nous sommes aujourd’hui dans une période de grande transformation. L’issue de ce conflit déterminera l’avenir de l’Europe et du monde. »
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« Enfin CELA fait l’amalgame de tout ce que l’on vient de voir et provoque un larsen qui devient au travers de leur installation sonore quelque chose d’apaisant et méditatif. Il y a comme une boucle qui se crée. Si l’on reprend le parcours au début, la première installation de CELA montre, au travers de leurs projections liquides, les réminiscences de l’évolution de l’homme qui ont été évoquées au travers de l’exposition. »

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Cela, Le chant des sirènes, 2023.
Recherche et développement: Sylvain Pelier.
Acier, plaques de glaçage, pieds, haut parleurs, microphones, amplificateurs et filtres.
« C’est d’un simple flux électrique que le chant naît. 
Une mise sous tension et le courant se métamorphose au gré des éléments qu’il traverse (micro, préamplificateur, amplificateur, filtre, haut-parleur, plaque, micro…). Par un simple filtre qui s’ouvre et se ferme, les fréquences du son varient, faisant vibrer les plaques de métal, le larsen est ainsi contenu maitrisé.  
Le signal sonore oscille par son passage dans les différents filtres que constituent ces éléments. Ici l’interprète et l’instrument ne font qu’un. 
Le processus n’exclut pas pour autant son milieu. Le son est également modulé par l’environnement, par les passages dans la pièce, des flux et vibrations de l’air au sein de l’espace. Le signal électrique s’empare d’une aura spirituelle en nous invitant à méditer, hypnotisé.e.s par le chant diphonique qui en émane. »

Photographies et propos recueillis par Nicolas Gzeley

Super Terram : Axel Void, Gonzalo Borondo, Amir Roti, Germain Ipin, Julien « Seth » Malland, Michael Beitz, Matteo Berardone, CELA, A.L. Crego, Joaquin Jara, Addam « Know Hope » Yekutieli.

Espace Voltaire, 81 Boulevard Voltaire, 75011 Paris.

Jusqu’au 19 mars 2023 (du mercredi au dimanche) de 11h à 19h.

Entrée libre et gratuite.