Arnaud Liard – Ruine de Rome

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La cymbalaire des murs, que l’on connait également sous le nom de Ruine de Rome, habille les murs depuis des siècles. Cette petite plante aux fleurs blanches et mauves pousse spontanément entre les briques et les pierres, envahissant nos villes à partir du printemps. C’est donc en toute logique qu’Arnaud Liard a choisi ce nom pour sa dernière série de peintures, basée sur la rencontre entre la nature et l’urbain, qu’il exposera à partir de vendredi prochain dans la galerie Gilbert Dufois à Senlis.

 

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Arnaud Liard, que l’on connait également sous le nom de Osean ou Honda, envahi lui aussi les murs de nos villes, et ce depuis la fin des années 80. Originaire de la banlieue nord de Paris, membre des LCA, il pratique un graffiti expérimental en compagnie de Fléo, Lek et surtout Hof durant les années 90. À partir de 1998, c’est au sein des TRBDSGN avec Hobz et Onde qu’il se fait remarquer avec un style épuré empreint de graphisme. C’est également à cette période qu’il renoue avec la toile, qu’il avait abordée dès le début des années 90, pour tester de nouvelles choses en atelier.

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"Ruine de Rome" 130cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

« Ruine de Rome » 130cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

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« Durant la première moitié des années 2000, je pratiquais une sorte de graphisme artistique, des formes géométriques abstraites qui venaient de ce que nous peignions sur mur avec les TRBDSGN et que je transposait ensuite sur toile.
À Partir de 2007, j’ai commencé à enduire mes toiles de ciment avant de les peindre car j’avais du mal avec la toile brute, j’avais besoin de matière… C’est en 2010 que j’ai poussé ce concept à son paroxysme en présentant des bas-reliefs pour une exposition collective. »

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"Mur végétal" diptyque 100x200cm. Acrylique résine, et ciment sur toile

« Mur végétal » diptyque 100x200cm. Acrylique résine, et ciment sur toile

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S’il continue de peindre dans la rue, notamment sur les palissades de chantier avec Onde et Hobz ; dans son atelier, Arnaud Liard s’éloigne de l’univers du graffiti tout en restant attaché aux ambiances urbaines qu’il photographie au quotidien.
C’est à partir de ces photographies qu’il développe des séries de toiles réalisées au pinceau, à la bombe et à l’aérographe, toujours sur des toiles enduites de béton, sa signature. Un regard sur la ville que la galerie Gilbert Dufois exposera pour la première fois en 2009.

« Jusqu’ici sur mes toiles, j’esquivais la nature pour renforcer le côté urbain de mon univers. Cela faisait un moment que je voulais traiter de cette rencontre entre l’urbain et la nature mais je ne me sentais pas assez mûr techniquement. J’aime cette idée que la nature arrive toujours à se développer quel que soit le contexte, qu’on le veuille ou non.
Dans cette série, je traite tout autant de la nature invasive et résistante que de cette nature artificielle créée par l’homme pour égayer la ville. J’ai commencé par faire des photos spécifiquement pour cette série, j’en ai retrouvé d’autres que j’avais mises de côté et puis, lorsque j’ai enfin trouvé le titre, Ruine de Rome, cela a renforcé ce thème que j’avais choisi et ça m’a servi de fil conducteur tout au long de cette série. »

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"Fenêtre sur cour" 100x80cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

« Fenêtre sur cour » 100x80cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

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Totalement autodidacte, Arnaud Liard multiplie les techniques de peinture, se nourrissant des conseils de ses amis et trouvant des astuces partout où il peut. D’une série à l’autre, on se rend compte d’une progression évidente qui témoigne du sérieux qu’il met dans son travail. Ici, Arnaud Liard explore de nouvelles techniques dictées par son sujet, comme par exemple l’accumulation de petites touches de peinture, lui apportant ainsi plus de liberté dans le traité.
On y retrouve également des signes distinctifs de son œuvre, comme le traitement inachevé des humains qui se fondent au béton, ou encore des petits éléments graphiques et abstraits qu’il avait d’abord développés sur toile avant de les transposer dans la rue.

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4x150x50cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

4x150x50cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

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« Dans cette série, j’ai l’impression d’avoir été un peu plus loin dans le détail, dans le traitement de l’urbain, par exemple lorsque je représente un tas de débris.
Quant aux humains, ils sont beaucoup moins présents qu’à l’accoutumée. Même si je traite toujours de la confrontation de l’homme avec l’urbain, ils sont ici plus discrets, suggérés par leur passage et leurs traces. »

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"Traveling" 120x322cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

« Traveling » 120x322cm. Acrylique, résine et ciment sur toile

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Après trois mois de travail intensif dans son atelier parisien, c’est donc une quinzaine de toiles qui seront présentées dans la galerie senlissoise. On y attend également quelques surprises, comme un volume et une installation, mais l’artiste reste volontairement discret à ce sujet.
Pour en savoir plus, rendez-vous à la galerie Gilbert Dufois, 8 place Henri IV à Senlis, du 14 mars au 12 avril 2015.

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In The Flesh – Arnaud Liard from InTheFlesh on Vimeo.

Textes et photographies de Nicolas Gzeley
Vidéo de Romain Rivière et Julien Crozet