Nelio : Station Mermoz-Pinel

Au cours de l’été dernier à Lyon, l’artiste Nelio fut invité à repeindre entièrement la station de métro Mermoz-Pinel en cours de restauration.
Résultat : Une oeuvre dense et colorée où l’abstraction le dispute à la typographie, rappelant l’univers du graffiti dont Nelio est issu.

 

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Originaire de Besançon, Nelio commence à faire des graffitis à la fin des années 90. Influencé par le graphisme, l’illustration, la photographie et l’architecture, cet autodidacte aujourd’hui basé à Lyon nourrit sa pratique artistique de ses nombreux voyages et des rencontres qui en résultent. Entre abstrait et figuratif, il a développé un univers graphique paradoxalement complexe et minimaliste. Composées de formes géométriques simples, ses peintures évoquent le constructivisme russe du début du XXe siècle, qui utilise majoritairement des éléments tels que le cercle, le rectangle et la ligne droite. Utilisant principalement la bombe aérosol lorsqu’il s’agit de fresques, Nelio réalise également des installations composées d’objets trouvés en bois ou en métal.

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« Le principal but de mon travail est de créer une harmonie esthétique en utilisant des couleurs et des formes de base où chaque élément à besoin des autres pour trouver un sens. S’il y a une signification à chacune de mes oeuvres, je tends à l’effacer, ou plutôt à la multiplier. En effet, plus une peinture est abstraite, plus les possibilités de lecture sont nombreuses. Cela permet à chacun d’y trouver sa propre interprétation. »

Pour cette station de métro, l’architecte en charge de la restauration a donc eu la bonne idée de faire appel à Nelio pour repeindre plusieurs de ses murs. Après avoir soumis quelques idées sous forme de croquis préparatoires, ce dernier eut le champ libre sur l’ensemble du projet. L’idée principale était simplement d’apporter des éléments lumineux et colorés afin de mettre un peu de vie dans un lieu souterrain habituellement sombre et fade. Si l’ensemble de l’oeuvre est très abstrait, on y retrouve néanmoins quelques lettrages symbolisant la relation entre le métro et le graffiti. Avec son travail géométrique, il ne lui fut pas difficile de s’adapter à l’architecture de la station, s’appuyant sur quelques lignes directrices comme par exemple la longue descente de l’escalier.

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« J’avais juste la contrainte d’utiliser du jaune et du vert déjà présents à certains endroits de la station. Le jaune tirant vers l’orange et le vert « forêt » n’étant pas très funky, j’ai apporté de nouvelles couleurs comme un jaune plus pur et plus lumineux, une gamme de vert tirant vers le bleu et un vert clair qui fait le lien avec le jaune. J’ai ensuite ajouté deux teintes plus neutres pour éviter que l’ensemble soit trop saturé : Deux gris tirant sur le vert qui apportent un peu de chaleur à cette station auparavant plutôt austère. »

Durant un mois, Nelio s’est affairé à donner vie à près de 500m² de murs, profitant des heures de fermeture du métro (de 1h à 5h du matin), un rythme, lui aussi, en forme de clin d’oeil au graffiti. Au final, il signe l’une des stations de métro les plus modernes et artistiques du système lyonnais. Une initiative que l’on aimerait voir se reproduire plus souvent.

Texte : Ogreoner
Photos : Nelio