Hommage à Nekst, Trigz & DG

À l’occasion de la YIA art fair, l’artiste américain Rime a profité de son passage à Paris pour laisser une trace dans le 3e arrondissement à deux pas de là où se tenait la foire d’art contemporain, une œuvre haute en couleurs à la mémoire de trois de ses comparses disparus tragiquement.

 

Invité par la galerie Wallworks, Rime aka Jersey Joe s’est fait remarquer lors de la quatrième édition de la YIA art fair, une des foires OFF en marge de la FIAC, la grande messe de l’art contemporain qui a lieu tous les ans au mois d’octobre sous la grande Nef du Grand Palais.

Durant quatre jours, Rime a investit en toute discrétion un des murs de la rue Charlot dans le 3ème arrondissement sous le regard des passants qui ont pu découvrir trois panel pieces dans un style tout en rondeur présentant trois wagons personnifiés à la gloire de Nekst, Trigz et DG, trois writers américains influents décédés cette année et dont les hommages se multiplient sur la toile. En tête du train, on reconnaît le personnage d’Astérix, un clin d’œil à Goscinny et Uderzo, une idée soufflée par Skew pour symboliser la France. Si Rime tient à perpétuer leur mémoire, c’est toujours avec cette même énergie de la couleur, propre à son travail et avec humour qu’il intervient.

Alors qu’il s’affaire sur sa fresque, Rime tient également à nous montrer ses dernières œuvres réalisées pour le compte de la galerie Wallworks qui, fait notable, est la seule et unique galerie présentant du graffiti au sein de ce salon international d’art contemporain. Après son premier solo show Rection Lines à Paris au printemps dernier, qui présentait des œuvres sur toiles, des dessins et du mobilier urbain made in New York customisé comme le fameux Sex Phone, Rime revient à Paris pour présenter trois nouvelles toiles et plusieurs dessins.

Né à New York en 1979, Rime commence à tagguer les murs de Staten Island en 1991 inspiré par les pièces faites dans les rues de Soho, Harlem et du Bronx. Hyperactif, ses voyages le conduiront en Europe et en Asie, avant de s’installer à Los Angeles où il rejoint les mythiques groupes MSK (Mad Society Kings) et The Seventh Letter qui réunissent entre autres Retna, Pose, Reyes, Ewok, Saber, Revok…

Impulsé par le désir d’expérimenter sans cesse jusqu’à ce qu’il puisse s’approprier ses sujets, comme le montre l’aspect figuratif de son travail, ses personnages que l’on croirait sortir des cartoons de Tex Avery ne ressemblent pourtant à aucun autres, ils sont le pur fruit de son imagination. Un résultat bluffant quand on sait qu’il arrive à dessiner ses personnages sans esquisse et à les peindre sans retoucher les contours.

Crayon en main en revanche, son travail est très méticuleux. On ressent l’importance de la pratique du sketching, les formats sont plus petits, plus intimes et permettent de comprendre le procédé de création de ses oeuvres. Chacune est en effet construite à partir d’une composition abstraite et spontanée, qui influence le thème et le mouvement de sa toile.

Ainsi, ses œuvres sont le reflet d’une personnalité explosive habitée par des personnages déjantés auxquels il transpose la même formule du throw-up en graffiti associée à des éléments de typographie, lettrages, coulures… Rime porte une grande importance aux fondements « classiques » du graffiti et à la couleur. Il a d’ailleurs expérimenté quelques cours de peinture à l’âge de 24 ans, où il apprend notamment la complémentarité des couleurs, un procédé qu’il ne cesse de développer au cours de sa carrière.

Entre audace et tradition, throw-up old school et avant-garde, Rime nous confie qu’il s’agit seulement d’un avant goût, l’artiste américain sera de retour à Paris pour une résidence à la galerie Wallworks en février et mars. Sa prochaine exposition se tiendra du 3 avril au 6 juin 2015. Affaire à suivre…

Texte : Justine Brault
Photos : Wallworks – Silvio Magaglio – Rime